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INTERVIEW - La prévention, garde-fou des dérives de la santé en entreprise

Bonjour Thifaine, pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours professionnel qui vous a menée à devenir formatrice, consultante et conférencière en gestion du stress ?Depuis 20 ans, j'ai travaillé à de nombreux postes dans des entreprises...
INTERVIEW - La prévention, garde-fou des dérives de la santé en entreprise

Bonjour Thifaine, pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours professionnel qui vous a menée à devenir formatrice, consultante et conférencière en gestion du stress ?

Depuis 20 ans, j'ai travaillé à de nombreux postes dans des entreprises très diverses : restauration, social, milieu enseignant... Le constat fut le même, quel que soit le niveau : les gens sont stressés !

Moi-même stressée durant mon enfance, je me suis progressivement débarrassée naturellement de certaines craintes et angoisses. Mais comment ? C'est en me posant cette question que j'ai trouvé les premières réponses.

Un jour, l'une de mes collègues était en difficulté. Tout la stressait : le travail, la maison, et la moindre tâche devenait une source d'oppression. Cela pesait lourdement sur sa vie et devenait un problème pour sa santé. Une vraie cocotte-minute !

C'est alors que j'ai décidé de chercher des solutions concrètes pour l'aider. Je me suis donc formée et informée sur le fonctionnement et les conséquences physiologiques du stress. Différentes pratiques et connaissances issues de ces recherches composent aujourd'hui le programme "Comprendre et changer d'avis sur le stress" de Lightelier. Le stress ponctuel peut être exploité, et le stress chronique peut être réduit.

Les clés se trouvent dans ce programme !

Comment vous est venue l'idée de créer le Salon “Prévention et Bien-être en entreprise” et quelles sont vos attentes pour cette première édition à Bellerive-sur-Allier ?

En prospectant pour proposer le programme Lightelier au sein des entreprises, des écoles et des institutions, j'ai rencontré de nombreuses personnes qui consacrent également leur temps, leur énergie et leurs savoirs à l'amélioration de la condition humaine.
Certains grands salons spécialisés existent déjà, mais ils ne répondent pas nécessairement aux besoins des entrepreneurs indépendants éloignés des grandes métropoles, ce qui est ici notre cas.

Cette première édition du salon « Prévention et bien-être en entreprise » est donc une invitation, gratuite, adressée à toutes les entreprises du secteur afin de leur permettre de découvrir les découvrir les trésors de possibilités que recèle notre région en matière d'amélioration managériale, d'organisation, de gestion des conflits, de prévention des risques psychosociaux (RPS) et des troubles musculo-squelettiques (TMS) et de santé, ainsi que les premiers soins en santé mentale, l'optimisation et la valorisation des compétences... et bien d'autres possibilités de bien-être qui peuvent être proposées ponctuellement.

Initier une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) n'est pas une tâche aisée pour les dirigeants et les managers.
Visiter notre salon constitue un premier pas vers une telle mise en place, car s'informer est le point de départ de toute amélioration.

J'espère donc que cette première édition sera une source d'inspiration."

Quels sont, d'après vous, les enjeux les plus critiques liés au bien-être et à la prévention en entreprise aujourd'hui, notamment dans les bassins de Vichy, Moulins et Clermont-Ferrand ?

Le désengagement et la santé.
Le désintérêt et le désengagement des salariés dans certaines branches sont des enjeux importants liés à cette thématique.

L'époque que nous traversons est très exigeante, et les entreprises demandent de plus en plus de polyvalence et de flexibilité à leurs employés, ce qui ne s'accorde pas forcément avec les réalités et contraintes de la vie actuelle, surtout dans certaines zones rurales.
« La politique de l'entreprise change, alors il faut suivre le mouvement et s'adapter », alors qu'en réalité, la vie de familles entières est chamboulée. C'est souvent le cas lorsque la société est rachetée par un nouveau groupe.
L'humain n'a plus sa place : il est perçu comme un simple employé, un consommable non indispensable et remplaçable.
Le salarié ne se sent plus respecté en tant qu'individu ; il se voit comme du bétail, et cela ne lui convient plus. Il envisage donc de plus en plus souvent de prendre son envol et d'entreprendre pour lui-même.
Trouver du personnel qualifié est, et sera, de plus en plus compliqué.

La prévention, c'est faire attention aux gens et les considérer, non pas simplement en tant que main-d'œuvre bon marché et remplaçable, mais en tant qu'individus importants, en tant que rouages essentiels du mécanisme qu'est l'entreprise.

Les industriels qui investissent dans des machines le savent : la maintenance préventive est indispensable au bon fonctionnement. On met de l'huile, on change les pièces d'usure courantes, on fait un check-up régulier pour éviter d'éventuels problèmes et avaries, qui seraient économiquement dommageables pour l'entreprise.

Avec l'humain, c'est pareil : la prévention permet d'éviter certains problèmes avant qu'ils ne surviennent.
La santé physique et mentale sont ici des facteurs essentiels.
Les arrêts maladie et l'absentéisme sont de véritables fléaux pour la productivité et l'économie de l'entreprise et de la société en générale. Alors que nombre d'entre eux pourraient être évités ou, tout du moins, minimisés.

Nos bassins économiques sont en expansion, nous devons dès aujourd'hui prendre soin et être attentifs à ceux qui les font vivre.

Pourriez-vous détailler comment la gestion du stress peut concrètement réduire l'absentéisme et le turn-over dans les entreprises, ainsi qu'améliorer les performances individuelles et collectives ?

Il est encore ici question de remettre l'humain au centre.
Le bagage émotionnel, cette valise que nous trimballons constamment, est intrinsèque à l'individu et doit être considéré comme tel par les employeurs.
On entend bien trop souvent : « Tes problèmes personnels, tu les laisses à la maison », ce qui est totalement absurde.
Ce bagage émotionnel, on ne le pose pas devant la porte de l'entreprise le matin pour le reprendre le soir en partant. Nous sommes constamment chargés de celui-ci, et, dans l'autre sens, nous rapportons aussi les tracas du travail à la maison.

Le programme « Comprendre et changer d'avis sur le stress » que je propose chez Lightelier est légèrement différent des approches que l'on retrouve habituellement.

La base de ce programme est la compréhension des mécanismes physiologiques déclenchés par une situation stressante, et pas seulement de ses effets. Cela permet de se préparer et d’appréhender les futures situations délicates.

Le stress ponctuel peut devenir un levier de performance exploitable, comme chez les grands sportifs. Ce stress sera, à l'avenir, un outil dont le collectif connaîtra les ficelles et pourra consciemment se servir pour atteindre ses objectifs.
Quant au stress chronique, responsable de l'absentéisme et du turn-over, il pourra être réduit grâce à de nouvelles connaissances et à une analyse de nos habitudes néfastes et délétères, ouvrant ainsi la porte aux changements.

L'individu qui gère mieux son stress, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, est moins fragilisé, moins malade, et donc moins absent et plus engagé.

Quels types de solutions et d'outils seront présentés lors des conférences et ateliers du Salon, et comment pensez-vous qu'ils puissent être immédiatement mis en œuvre par les entreprises participantes ?

J'ai rassemblé des experts de divers horizons pour créer un programme complet.
Les thématiques et outils abordés seront donc très variés :
Du management à la gestion des conflits, de l'atteinte d'objectifs à l'optimisation des compétences, les conseils des formateurs seront de véritables pistes de réflexion sur l'évolution de votre entreprise.
Différentes préventions en matière de santé, d'addictions, de nutrition, de stress et de troubles musculosquelettiques (TMS) seront également mises à l'honneur, avec de véritables exercices concrets que vous pourrez recommander à vos employés.
Vous pourrez également tester des solutions plus ponctuelles pour l'épanouissement des salariés, comme les ateliers de team-building d'improvisation théâtrale, ainsi que les différents espaces dédiés au sport, à la détente, au yoga et aux massages.

En tant que formatrice et conférencière, quels conseils donneriez-vous aux dirigeants pour intégrer efficacement la RSE, la QVCT, et les pratiques de bien-être dans leur stratégie globale d'entreprise ?

La première étape est de prendre du recul. On est évidemment persuadé, en tant que dirigeant, manager ou chef d'équipe, de faire tout ce qu'il faut, puisque nous faisons de notre mieux.
J'entends bien trop souvent lors de mes démarchages : « Ce n'est pas pour nous, tout va bien ici ». L'égo de certains est démesuré !

Intégrer efficacement ce type de démarche demande une part d'empathie et d'altruisme. Il faut souhaiter une évolution globale, et non uniquement économique.

Un travail de fond est nécessaire, quitte à remettre en cause certaines pratiques implantées depuis longtemps.
L'écoute et la coopération de tous les acteurs de l'entreprise sont indispensables.
Il n'est pas question ici de proposer et de tester des changements à l'aveugle parce que c'est la mode, mais bel et bien d'améliorer les choses grâce à l'expérience de terrain de chacun et au savoir de professionnels experts dans leur domaine.

L'expert auquel vous ferez appel vous demandera peut-être de parler avec les employés et de recueillir leur avis.
Pas d’inquiétude, n'y voyez pas là une intrusion intempestive.
On ne demande pas aux gens de dénigrer quoi que ce soit. Soulever des problèmes en suspens n'est pas ouvrir la boîte de Pandore, mais bien une phase du processus d'amélioration.


Comment envisagez-vous l'évolution du Salon “Prévention et Bien-être en entreprise” dans les années à venir, et quel impact espérez-vous qu'il puisse avoir sur les entreprises locales à long terme ?

Cette première édition sera évidemment déterminante. Le nombre de visiteurs et les retours que nous collecterons constitueront la base de réflexion pour les futurs événements.
J'aimerais, dans l'idéal, accroître légèrement le nombre d'exposants, mais surtout trouver des entreprises partenaires qui viendront partager leurs expériences.
La mise en place de tables rondes pour des discussions et des recherches d'améliorations collectives est également envisagée.

Le salon est aussi l'occasion de former un réseau de professionnels actifs, que nous pourrons recommander selon les demandes, et peut-être de créer des opportunités pour travailler ensemble sur de futurs événements ou contrats collectifs, en offrant une approche complète en matière de prévention et de bien-être en entreprise.

Pour en savoir plus : http://lightelier.fr/

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